Comment dire l'irréparable de la guerre, ce qui disloque les survivants et a fortiori ces femmes de l'ombre dans l'Union soviétique, combattantes, quasi esclaves des hommes et qui retournent à la vie civile comme des ombres ?Une grande fille, qui sort au cinéma mercredi 7 août, raconte l'histoire de Masha et Iya. Elles se sont connues au front, l'une petite, dévorée par un désir d'enfant viatique à sa survie, l'autre trop grande, peau diaphane, elles partagent un secret terrible. Elles se retrouvent à Leningrad et ce qui aurait dû les déchirer les unit.Face à des hommes, eux aussi brisés par la guerre mais toujours dominants, elles prennent le pouvoir, dans l'intime. Kantemir Balagov, qui a reçu le prix de la mise en scène dans la section "Un certain regard" au Festival de Cannes, filme ces deux actrices magnifiques dans des couleurs chaudes, il y a de la peinture flamande dans la construction de ses plans.Rarement on a vu au cinéma des femmes rechapées de la guerre filmées comme ça. Leurs psychoses sont leurs espaces d'espérance et dans des envolées sensuelles, Une grande fille prend une dimension universelle, on pense à toutes ces femmes broyées dans les conflits d'aujourd'hui. La critique de Thierry Fiorile écouter