Didier Durand est le PDG de l’entreprise Pierrenoel, spécialisée dansla restauration du patrimoine et des monuments historiques. Près decinq mois après l’incendie du 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris esten plein chantier. Et ce chantier, c’est sa société qui en est en charge.Ce tailleur de pierre en assure la coordination."Nous sommes dans la première manche : la sécurisation. Il faut tenirNotre-Dame de Paris, la sécuriser, et ce n’est pas encore gagné. Même si on a le sentiment, aujourd’hui, au bout de quatre mois, que tout vabien, non, Notre-Dame de Paris n’est toujours pas sécurisée. Elle ne lesera pas tant que l’on n’aura pas retiré ces 250 tonnes d’échafaudagesqui se trouvent au-dessus et qui étaient conçues pour la restaurationde la flèche", explique Didier Durand."Ces échafaudages ont fondu, ils sont même soudés", poursuit-il. "Etces 250 tonnes, il faut pouvoir les retirer. L'entreprise EuropeÉchafaudage avec les frères Le Bras travaillent au niveau de tout ce quiest étaiement et charpente. Ils oeuvrent pour qu’on puisseéventuellement retirer au plus vite ces échafaudages", poursuit lepatron de l’entreprise Pierrenoel.Sa société emploie 47 personnes, mais seule une vingtaine travaillentactuellement sur le "chantier titanesque", selon les termes de DidierDurand, de Notre-Dame de Paris."Est-ce qu’on peut dire que Notre-Dame est sauvée ? Parce qu’on abeaucoup dit que la structure était encore fragile", interrogeStéphane Dépinoy."Non, malheureusement, elle n’est pas sauvée. Il faut réellement quel’on se sorte ça de la tête. Je l’espère au plus vite, maismalheureusement, on a eu une petite interruption de chantier de troissemaines. Et c’est compliqué de faire repartir un chantier qui comptaitcent personnes, et qui, d’un seul coup, reprend avec seulementquarante en raison des problèmes de plomb", répond Didier Durand."La présence du plomb a entraîné des mesures sanitaires, desmesures de sécurisation", souligne Stéphane Dépinoy."On les avait déjà prises, dès le premier jour, le 16 avril", rétorque lepatron de la société en charge des travaux de rénovation de Notre-Dame de Paris. "Nous avions, nous, en tant que patrons, réalisé desplombémies, parce qu’on est responsables de la qualité de noscompagnons, on est responsables de nos hommes et de nos femmesque nous envoyons sur le terrain, moi-même, j’étais présent", insiste-til."On avait pris absolument toutes les mesures pour qu’il n’y aitaucun problème. Et d’ailleurs, comme je l’ai signalé au préfet derégion, sur les trois mois d’intervention, il n’y a eu aucun accident dutravail, et surtout, aucune plombémie au-dessus des normesautorisées.""Ce qui est incroyable, c’est que lorsque l'incendie s’est produit, vousveniez de remporter un appel d’offre pour rénover une partie deNotre-Dame de Paris", rappelle Stéphane Dépinoy."L’arc-boutant de la culée dix. C’est un petit bout d’arc-boutant",raconte Didier Durand. "On avait commencé le lundi matin avec deuxcompagnons tailleurs de pierre. Le lundi soir, malheureusement, il y aeu le feu. Je n’ai pas bien vu le feu, j’ai regardé ça sur les réseauxsociaux, je n’y croyais même pas. Le soir, j’ai été sur le site avec mafille. Et avec toute une chaîne humaine, on a sorti les trésors de Notre-Dame, c'était extraordinaire parce qu’on ne savait pas encore si la tournord pouvait s’écrouler".Actuellement, les salariés de l’entreprise Pierrenoel sont en train desécuriser les voûtes. "Ils font en sorte de retirer tous les débris quisont tombés en hauteur sans que la voûte ne s’effondre", expliqueStéphane Dépinoy. "Vous envoyez même des alpinistes pour soulagerles voûtes parce qu’il faut les sécuriser.", précise-t-il."On envoie les alpinistes par rapport aux planchers qui ont étépositionnés par l’entreprise Le Bras, et nous récupérons les bois, nousles évacuons, et ensuite, on fait une grosse aspiration avec l'un descamions les plus importants en France pour pouvoir aspirer la totalitédu dessus des voûtes", détaille Didier Durand."Donc on est encore en train de soulager Notre-Dame…", réagitStéphane Dépinoy."On soulage. On est réellement des urgentistes", conclut Didier Durand.L'interview s'est achevée sur "Ascenseur pour l’échafaud" de MilesDavis.