Cerbère (Pyrénées-Orientales) est une petite commune à la frontière avec l'Espagne. Le destin de ce village a basculé avec l'arrivée du rail, il y a 140 ans, et ce à cause d'un petit détail : les rails espagnols étaient plus larges que les rails français. Les marchandises devaient être transbordées d'un train à l'autre pour poursuivre leur route vers le nord : amandes, minerais, vin et oranges venus en vrac de la région de Valence. Une tâche exclusivement réservée aux femmes.Histoire à protégerGeorgette Soler, 92 ans, est le dernier témoin de cette époque. Elle se souvient de ce travail pénible commencé juste après la Seconde Guerre mondiale. Le transbordement occupe jusqu'à 800 personnes par jour. Cerbère devient une plaque tournante du commerce mondial. Les travailleurs s'y pressent : pas de chômage et beaucoup d'argent. Les activités de transbordement ont cessé il y a 50 ans, mises à mal par le transport routier. Cerbère a perdu la moitié de ses habitants. Un wagon-musée restauré va ouvrir au public avec, à l'intérieur, les souvenirs d'un monde passé et heureux.