Imaginez vous Jimmy Vicaut, spécialiste de 100m, se mettre, pour les JO, au demi-fond et au fond ? Non ? Pourtant, c'est bien ce que l'on demande aux grimpeurs pour les Jeux Olympiques 2020. D'ordinaire répartis entre "difficulteurs", "bloqueurs" et "vitesseux", ils seront réunis en une seule et même épreuve combinée. Le comité organisateur a-t-il voulu faire dans le spectaculaire, le télé-compatible? Toujours est-il que pour les athlètes, ça signifie une capacité d'adaptation et un travail démultiplié.Ce jeudi à Tournefeuille, dans la banlieue de Toulouse, débute le grand tournoi de qualification pour les JO dont France tv sport vous proposera les finales hommes et femmes en direct vidéo samedi et dimanche. Au menu : pas moins de douze tickets à distribuer pour Tokyo. Et la question de cette nécessaire et inhabituelle polyvalence est sur toutes les lèvres. "C'est toute la difficulté de la préparation des JO. Normalement, on s'entraîne dans sa discipline de prédilection. Là, il faut faire des choix, progresser ailleurs sans perdre trop là où on est le meilleur" estime le directeur technique national, Pierre-Henri Paillasson, auprès de l'AFP. Bassa Mawem, au-delà de la vitesseDu côté des Français, on s’attelle à fourbir ses armes. Vice-champion du monde 2018 de vitesse, Bassa Mawem (35 ans) mise tout sur son point fort. Sa "seule chance" passe par une victoire en sprint. "Si je fais +un+ en vitesse et 19e ailleurs, ça passe. Si je fais deuxième, je devrai compter sur les autres résultats" analyse-t-il. Le calcul est d'autant plus pertinent qu'il n'y aura que deux spécialistes de la vitesse ce dimanche, ce qui accroît ses chances de victoires. "Si je m'étais entraîné sur les blocs et les difficultés, je n'aurais pas progressé suffisamment pour rattraper les meilleurs", estime-t-il. Il faut dire que son parcours peut le lui permettre. Avant de se tourner exclusivement vers la vitesse, Bassa Mawem a écumé les épreuves de blocs et de difficultés pendant onze ans. Ce n'est qu'à 26 ans qu'il s'est tourné vers la vitesse. Si son expérience commence à remonter, il mise clairement sur les réminiscences de ce lointain passé. Régime et perte de poids au programme Comme en athlétisme où chaque spécialiste a sa propre morphologie, la principale difficulté de l'épreuve combinée en escalade réside dans le fait que le grimpeur doit concentrer des caractéristiques opposées. Le frère de Bassa Mawem, Mickaël, déjà qualifié pour les JO en escalade, pèse 13 kilos de moins que lui. Mais Mickaël est un bloqueur, pas un sprinteur. "Le sprint nécessite une puissance musculaire dans les bras et les jambes. Pour les autres épreuves la puissance se partage dans les bras et la ceinture abdominale", analyse Bassa. Il s'est donc mis au régime : pour mieux performer dans les disciplines de difficulté et de bloc, il faut être plus sec. "J'aime bien manger, donc vous voyez l'effort" Cinq Français - Bassa Mawem mais aussi Manu Cornu, Fanny Gibert, Julia Chanourdie et Anouck Jaubert - participent au TQO de Tournefeuille. Après, il ne restera plus qu'un seul ticket à prendre, un par championnats continentaux. Pour l'Europe, ce sera en mars 2020.