Les huit personnes arrêtées cette semaine sont suspectées d'être impliquées dans un réseau de passeurs. Une filière vietnamienne décrite par un policier haut placé comme "un monde à part", silencieux et extrêmement bien organisé. Les migrants sont pour l'essentiel "des pêcheurs, agriculteurs, petits commercants issus de provinces pauvres du Vietnam", détaille Nadia Sebtaoui, membre de l' ONG américaine Pacific Links Fondation. "La seule solution pour eux est de partir en Europe pour obtenir un job et être correctement payés, et ainsi subvenir aux besoins de l'ensemble de leurs familles."De Hanoï à Londres via MoscouLe trajet est souvent le même : un vol en avion de Hanoï à Moscou, avec un visa tourisme. Puis un long trajet à pied et en camion à travers l'Europe, pour enfin rejoindre le Royaume-Uni. Violaine Husson, de la Cimade, a travaillé avec des mineurs vietnamiens, placés en rétention après leur arrestation en France. Ils lui ont raconté : "La plupart d'entre eux se rendaient en Angleterre, pour devenir jardiniers et, pour les filles, travailler dans des salons d'onglerie et de massage. On a découvert que ces enfants étaient en fait attendus notamment pour travailler dans des fermes à cannabis."Des migrants adultes aussi se retrouvent exploités dans ces maisons où le cannabis est cultivé clandestinement, sous des lampes chauffantes. Ils espèrent ainsi rembourser une dette de voyage de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Quant aux risques pris en montant à bord de camions frigorifiques, à Calais notamment, ils n'ont pas vraiment le choix, commente encore une source policière : les passeurs ordonnent, ils obéissent. Le reportage de Julie Pietri écouter