Dans la Hongrie rêvée de Viktor Orbán, les valeurs libérales ont de moins en moins droit de cité. L'un des rares lieux qui les propageait encore à Budapest, l'Université d'Europe centrale (CEU), a fini par capituler. Le gouvernement a refusé de prolonger l'accréditation qui lui permettait de délivrer des diplômes reconnus aux Etats-Unis. En décembre 2018, après deux ans de bras de fer, la CEU a annoncé son départ pour Vienne. Elle était basée dans la capitale hongroise depuis vingt-sept ans. Très réputée, l'Université d'Europe centrale a été fondée au début des années 90 par le milliardaire américain George Soros, devenu la bête noire du régime. Pour le vice-recteur Zsolt Enyedi, "il symbolise l'engagement pour la tolérance, l'Etat de droit, la démocratie libérale, la société ouverte, la compréhension des nations"... Alors que "l'on a aujourd'hui en Hongrie un gouvernement nationaliste autoritaire qui pense que la démocratie libérale appartient au passé, qu'un nouveau monde est né, qui ne partage plus le consensus post-Seconde Guerre mondiale", explique-t-il dans le numéro de janvier 2019 du magazine "Avenue de l'Europe".Une contre-révolution culturelleSymbole de ces valeurs que le gouvernement Orbán réprouve, les études sur le genre, dispensées par l'Université d'Europe centrale. Elles viennent d'être purement et simplement abolies en Hongrie. Plus aucun diplôme sur le genre ne pourra à l'avenir être délivré dans aucune université du pays. "Les seules matières qui peuvent être enseignées doivent être approuvées par le gouvernement", explique le vice-recteur : de nouveaux programmes vont être introduits, de la maternelle à l'université.Extrait de "Hongrie : la peur du grand remplacement", un reportage d'Hélène Hug et Loïc Le Moigne, diffusé dans "Avenue de l'Europe" le 30 janvier 2019.