Uneruche vibrionnante. Dans cette immense brasserie où défilent chaquejour 1.500 personnes, les sièges n'ont pas le temps de refroidir !"La spécialité la plus demandée, ici, témoigne JérômeBocuse, c'est la soupe à l'oignon et les escargots de Bourgogne. 95%des clients sont des Américains. On a un rôle d'ambassadeur : unefamille qui vient de l'Idaho n'aura peut-être jamais franchi mêmela frontière de son Etat. C'est la première fois qu'elle viendra enFloride et découvre la cuisine française." Jérôme Bocuse apris la suite de son père à la tête de la brasserie, du restaurantgastronomique et de la boulangerie pâtisserie du pavillon françaisd'Epcot Center à Orlando, un parc d'attractions ou défilent chaquejour 20 à 25.000 personnes. Il chapeaute 200 personnes et vient deresigner pour 21 ans avec Disney. Chaque année, il fait venir 150jeunes Français avec un visa de travail d'un an qui viennentdécouvrir la culture et la cuisine Bocuse made in USA. Jérôme estplus souvent en costume cravate qu'en tenue de cuisinier. "Monjob , dit-il, c'est le business, je suis bien épaulé. Je ne reviensen cuisine que pour développer de nouvelles recettes ou essayer dechanger quelque chose." Mais il ne lève pas le pied pourautant : "avec les blogs, on ne peut pas se relâcher, tout vatrès vite. Si vous faites une erreur, le lendemain c'est sur Internet." Concoursde circonstancesA43 ans, le Français se plaît à répéter qu'il a passé la moitiéde sa vie en France et l'autre aux Etats-Unis et que le monde idéaln'existe pas. "Le nom de Bocuse est plus facile à porter ici ,témoigne-t-il. D'abord parce que mon père est moins connu etensuite parce que les gens sont plus tolérants. C'est la cultureaméricaine, les gens ne font pas attention à vous, chacun mène savie de son côté, on ne s'inquiète pas de son voisin." Sonarrivée aux Etats-Unis est liée à un concours de circonstances,admet Jérôme Bocuse. "J'avais 19 ans, je venais de faire monservice militaire. Mon père voyageait beaucoup et il m'a dit unjour 'tu devrais t'inscrire au Culinary Institute ofAmerica en Floride'. Je me suis lancé, j'ai enchaîné sur unmaster en gestion hôtelière en Miami, et je suis resté !"M. Paul suit de près les affaires florissantes de son fils. Il étaitencore en Floride pour l'inauguration d'un restaurant gastronomique àson nom. Marié en grande pompe à Palm Beach à une Américaine,Robin, directrice des opérations immobilières pour la chaîne deshôtels Hilton, père d'un petit Paul de cinq ans, le Français a suse faire une place au soleil et un prénom. Fan de glisse, JérômeBocuse revient tous les hivers dans la station huppée de Courchevel,où il a gardé ses galons de moniteur de ski. Logé à 15minutes de son travail, dans une villa des rives du lac Sheen, demars à novembre, il renonce aussi à toutes ses grasses matinéespour aller faire une demi-heure de ski nautique avant l'embauche. LuiécrireAller plus loinLes Chefs de FranceRetrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait!", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama