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Élections européennes 2019 : "La circonscription unique, c'est de la petite tambouille de vieux partis", estime le député LR Guillaume Larrivé

Le député Les Républicains Guillaume Larrivé était l'invité de L'Interview J-1, lundi, à la veille du vote en première lecture du projet de loi sur les modalités du scrutin des élections européennes.

Article rédigé par franceinfo, Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8 min
Le député Les Républicains Guillaume Larrivé était l'invité de L'Interview J-1, lundi 19 février 2018, sur franceinfo. (FRANCEINFO)

Guillaume Larrivé, député Les Républicains de l'Yonne, conseiller municipal d'Auxerre et avocat, était l'invité de L'Interview J-1, lundi 19 février, à la veille du vote en première lecture, à l'Assemblée nationale, du projet de loi sur l'élection des députés au Parlement européen, à plus d'un an des élections européennes.

franceinfo : L'article 1er du texte indique que "la République forme une circonscription unique". Toutes les formations politiques sont favorables au retour à une unique circonscription nationale, avec une liste part parti, sauf vous, les députés LR. Pourquoi ?

Guillaume Larrivé : Ce que je constate, c'est qu'il y a un petit arrangement partisan entre plusieurs chefs du parti : monsieur Macron, comme chef du parti En marche, monsieur Mélenchon, comme chef de La France insoumise, et madame Le Pen, comme cheffe du Front national. En réalité, ils se sont mis d'accord pour modifier le monde de scrutin parce qu'ils pensent que cela va les arranger de faire élire ces députés européens, non plus sur des régions, mais sur des listes nommées par les appareils de parti parisiens. Ce que j'ai proposé, avec des collègues comme Constance Le Grip et un certain nombre de députés, c'est qu'on élise les députés européens dans le cadre des régions actuelles, en Bourgogne, en Aquitaine etc. Tout simplement parce qu'on pense que, pour être mieux défendu en Europe, il faut des députés ancrés dans des territoires et au contact des associations, des entreprises, des collectivités... Bref, au contact des réalités du terrain.

Du coup, d'une région à l'autre, le programme pourrait être différent 

Non, bien sûr qu'il faut une plateforme commune, un débat national (...) On aura une ligne euroréaliste qu'on va défendre au plan national. Mais, ce qu'on dit en même temps, c'est qu'il faut des élus ancrés. Je prends un exemple : dans ma région de Bourgogne, je suis député de l'Yonne à l'Assemblée nationale, mais je travaille main dans la main avec un député Français de Bourgogne au Parlement européen, Arnaud Danjean. Cela nous permet de monter ensemble des projets de développement. Je crois que c'est utile d'avoir à la fois des gens hyper-compétents au plan national et au plan européen, mais aussi ancrés dans des territoires. Je regrette que les députés macronistes n'aient pas été fichus de le comprendre puisqu'ils ont complètement rejeté la proposition que j'ai faite.

Vous pensez qu'avec une liste nationale, on aura des élus déconnectés de leur territoire 

Il est bien évident que les réalités territoriales seront sans doute moins prises en compte que d'autres critères. Tout cela, c'est de la petite tambouille de vieux partis politique. Je trouve vraiment qu'Emmanuel Macron fait de la vieille politique (...) Pour sa première élection, il nous propose de changer les règles du jeu pour essayer d'arranger son parti. Très franchement, cela ressemble plutôt à ce que le général de Gaulle autrefois appelait les vieux politiciens qui font leur petite cuisine sur leurs réchauds.

Comment réagissez-vous aux propos que Laurent Wauquiez, le patron du parti LR, a tenus  lors d'un cours privé à l'EM Lyon, vendredi 15 février ?

J'ai pensé au titre d'une pièce de Shakespeare : "Much ado about nothing", beaucoup de bruit pour bien". Voilà, donc je n'ai pas envie de commenter les commentaires (...) Je ne suis pas un commentateur, je suis un acteur, un responsable politique. Je m'exprime en toute liberté et je n'ai pas du tout l'intention de participer à ce petit jeu qui consiste à se regarder le nombril, à commenter les commentaires des uns et des autres. Cela ne m'intéresse pas. 

Mais, sur le fond, cette polémique ne parasite-t-elle pas votre opposition politique ? 

Encore une fois, je m'exprime en toute liberté. Je suis membre d'un parti, mais je suis d'abord un député libre et indépendant dans l'opposition qui veut aussi être une force de proposition. Par exemple, aujourd'hui, j'ai proposé un plan d'expulsion de détenus étrangers, demain je m'exprimerai en toute liberté à la tribune de l'Assemblée nationale pour appeler mes collègues à rejeter la manipulation du mode de scrutin des élections européennes. Voilà, je pense qu'on fait de la politique pour faire du fond, pas pour commenter le dernier micro-buzz (...) Je pense que les commentaires sur les commentaires abaissent le débat public. Je préfère être dans l'action et la proposition de fond.

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