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Migrants : le retrait de la circulaire Collomb "n'est pas nécessaire" pour le député LREM Aurélien Taché

Aurélien Taché, le député LREM du Val-d’Oise, était l'invité de L'Interview J-1, mercredi, sur franceinfo, à la veille du début de la consultation sur le projet de loi sur l'asile et l'immigration.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
Le député LREM Aurélien Taché sur franceinfo. (FRANCEINFO)

Le député La République en marche du Val-d’Oise, Aurélien Taché, est l'invité de L’Interview J-1 mercredi 10 janvier, à la veille du début des consultations, lancées par Matignon avec les associations, sur le projet de loi asile-immigration. Aurélien Taché sera à Matignon jeudi. Il a été missionné par le Premier ministre pour réfléchir à la refonte de la politique d’intégration en France. 

Les associations, elles, sont très remontées contre le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et sa circulaire du 12 décembre 2017 sur les recensement dans les centres d'hébergement d'urgence. Elles comptent la contester, jeudi, devant le conseil d’État

franceinfo : Demandez-vous le retrait de la circulaire Collomb ? 

Aurélien Taché : En aucun cas, cela ne signifiera la fin des prises en charge : on ne mettra pas des gens à la rue parce qu'ils n'auraient pas eu l'asile, ils continueront à être hébergés. En aucun cas, des policiers ne viendront dans les centres. Simplement, on doit pouvoir -avec les gestionnaires de ces centres et les associations qui les gèrent- travailler aux solutions les plus adaptées pour les personnes. Je demande simplement à ce que sa mise en œuvre soit vraiment discutée avec les associations et qu'on puisse trouver la meilleure manière d'avancer sur ce sujet. Mais, il ne me semble pas que le retrait soit nécessaire. Il faut travailler aux modalités de mise en œuvre.

Ce projet de loi asile-immigration vise notamment à réduire les délais de procédure pour obtenir l’asile en les faisant passer de 14 mois à 6 mois. Qu’est-ce qui figure encore dans le texte, et qu’est-ce qui a été retiré depuis l’émotion suscitée avant Noël au sein de la majorité ?

On a des dispositions qui concernent notamment la possibilité d'avoir une rétention plus longue parce qu'aujourd'hui on constate qu'il y a des difficultés à obtenir les autorisations des pays d'origine [la durée maximale pourrait être doublée]. C'est ce qui est prévu donc il faut qu'on regarde si c'est vraiment nécessaire. En tout cas, on ne peut pas renvoyer quelqu'un dans son pays d'origine si le pays n'a pas délivré une autorisation donc il faut voir combien de temps cela peut prendre. 

Qu'est-ce qui a été retiré ?

Par exemple, il y avait eu à un moment une réflexion pour savoir s'il fallait introduire la notion de "pays tiers sûr" dans le projet de loi. Ça veut dire que quand, par exemple, on est Syrien et qu'on est passé par la Turquie, si la France peut établir que vous êtes passé en Turquie et que vous pouvez retourner en Turquie en toute sécurité, vous ne pouvez pas demander le droit d'asile en France. Ça pour moi, c'est une forme de dévoiement du droit d'asile et je pense qu'il est très bien qu'on n'ait pas cette disposition.

Autre circulaire Collomb, celle du 20 novembre 2017, pour accélérer l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés. Dans ses vœux aux gendarmes du 3 janvier, le ministre de l'Intérieur s’est félicité des 40 000 interpellations d’étrangers en situation irrégulière en 2017. "Il faudra encore amplifier cette action en 2018", a-t-il ajouté. N’est-ce pas une politique migratoire plus dure ?

Je ne nie pas qu'il y ait l'idée d'avoir une politique de retours plus importante. C'est le courage de dire aux Français et aux personnes concernées : "Oui, c'est vrai qu'il doit y avoir des retours dans une part un peu plus importante." Mais, ils doivent être dignes, ils doivent se passer dans des conditions qui respectent les personnes. On ne renverra pas des gens dans des pays en guerre, on ne renverra pas des familles, on ne renverra pas des gens qui sont là depuis des années. Par contre, pour un certain nombre de ceux qui viennent d'arriver, qui demandent l'asile et qui ne se la voit pas reconnaître, oui il y aura plus de retours.

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