On dit généralement que "la meilleure défense c’est l’attaque". Huawei attaque fort en installant en plein cœur de la capitale de l’Europe ce qui est censé être son pivot sécuritaire en matière technologique sur le Vieux continent. Ce centre permettra de mettre en relation ses services avec ceux de la Commission européenne, les autres opérateurs télephoniques, mais aussi tous les spécialistes et experts européens de cybersécurité. Le groupe chinois n’avance pas masqué. Son centre de cybersécurité européen sera financé sur ses fonds propres, sans aucune subvention publique ou européenne. Jusqu’à preuve du contraire, un groupe privé s’installe où il veut, quand il veut. Enjeux de sécurité et technologique En arrière-plan, il y a la 5G, la nouvelle génération d’internet, que les Chinois maîtrisent et que nous commençons timidement à installer en Europe, pour ne pas dire que nous sommes carrément en retard. La 5G, c’est l’internet très haut débit qui, à terme, intéressera les particuliers, mais offre avant tout des services très pointus aux professionnels (entreprises connectées, les hôpitaux connectés entre eux, la maîtrise des objets connectés, etc.). SoupçonsHuawei est soupçonné de laisser Pékin espionner les télécommunications partout où il s’installe et vend son matériel. C’est parti des Etats-Unis et aujourd’hui Washington fait pression sur les Européens pour ne pas ouvrir la porte à l’équipementier chinois. Plusieurs pays, dont l'Australie, interdisent à leurs opérateurs téléphoniques de s’équiper en matériels Huawei, de peur d’une espionnite massive. Le Canada vient de lancer le processus d'extradition de la fille du fondateur de Huawei, Meng Wanzhou, directrice commerciale de l'entreprise. Huawei se défend Pour montrer sa bonne foi, le groupe chinois propose aux opérateurs européens et aux agences de cybersécurité européennes de contrôler et tester ses équipements. Aujourd’hui, rien ne s’oppose à ce que Huawei conquière l’Europe pour lui faire partager sa maîtrise de la 5G. Certains États y voient même l’occasion d’avancer sur cette technologie, là où les opérateurs européens sont plus ou moins accusés de faire défaut. La France ne dit pas un "non" catégorique, mais l’opérateur Orange, dont l’Etat est premier actionnaire, préfère ne pas fricoter avec le Chinois pour l’instant. Principe de précaution oblige.