Situé dans la province du Guangdong (le Sud du pays), le complexe industriel envisagé sera le plus important de l’Empire du Milieu avec des installations pétrochimiques capables de produire 1 millions de tonnes d’éthylène par an. Quant à la raffinerie, elle traitera dans un premier temps quelque 300.000 barils de pétrole brut par jour, 500.000 ultérieurement.Quel sera le montant de l’investissement et, surtout, comment Total s'est-il imposé ? Les chiffres communiqués pour l’instant ne sont pas officiels mais l’investissement s’élèverait à 9 milliards d’euros. Quant au montage industriel… sans rentrer dans les détails techniques : TOTAL a conclu un accord avec la compagnie pétrolière nationale de l’Emirat de Koweit KPC qui détiendra 50% du projet… l’autre moitié étant détenue par le chinois Sinopec. En vertu de cet accord, le pétrolier placé sous pavillon français détiendra au final 20% du complexe. Cet investissement est significatif à plus d’un titre. D'abord, Total a ravi la place à l’anglo-néerlandais Shell et à BP qui était également sur les rangs. Ensuite, le complexe associant raffinage et pétrochimie est un atout majeur pour un groupe comme Total. Si les activités de raffinages sont peu rentables en Chine en raison de l’encadrement des prix par Pékin, les matières premières fabriquées dans les usines pétrochimiques sont très profitables. Enfin, ce partenariat avec le koweitien KPC préfigure probablement d’autres accords de développement. La rentabilité finale est-elle la seule explication à cet investissement ? Non. En s’alliant avec la Kuwait Pétroleum Corporation, Total renforce son aura au Moyen Orient en général et au Koweit en particulier, jusqu’à présent sous domination britannique. Les compagnies pétrolières du Golfe sont de plus en plus friandes de l’expertise internationale pour développer leur activité. Et puis la vraie raison, c’est que cette opération permet à Christophe de Margerie et ses équipes de donner un coup d’accélérateur à l’activité du groupe en Chine, pays en forte croissance économique. Alors c’est vrai, le sujet est politiquement sensible : Total se renforce en Asie alors que des raffineries ferment leurs portes en France. Le fait est que la demande de pétrole baisse en Europe mais elle augmente dans les pays émergents. Les entreprises vont chercher la croissance où elle se trouve, vont produire là où sont les besoins... des exemples qui ne feront que se multiplier dans les prochaines années.