L'exercice se déroule dans la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). C'est un site historique de la plongée en apnée, abrité du vent tout en offrant des profondeurs importantes non loin de la côte. C'est ici que l'apnéiste a appris à plonger et battu tous ses records du monde.Guillaume Néry a enfilé sa combinaison en néoprène de 1 millimètre d'épaisseur, aussi fine qu'une seconde peau, qui le protégera du froid des grandes profondeurs. Pour reproduire sous l'eau un mouvement d'ondulation naturel aux mammifères marins, plus économe en énergie, il s'est équipé d'une monopalme.Chute libre Sur les premiers mètres de la descente le long du câble jaune relié au bateau, il s'agit d'être efficace sans consommer trop d'énergie. Et sans jamais regarder vers le fond. Le câble défile et donne à l'apnéiste une indication sur sa vitesse. Puis le corps flotte de moins en moins. Passé les 30 mètres de profondeur, la phase de chute libre peut commencer. Plus aucun effort à faire...HibernationLe corps entre en hibernation, le cœur ralentit. Il passe de 70 pulsations par minute à une trentaine. Recroquevillés, les poumons ne font plus que la taille de deux poings. Ecrasé par la pression, l'apnéiste ressent tout le poids de la mer au-dessus de lui. C'est le meilleur moment de la plongée. Ce sentiment grisant, Guillaume Néry le recherche à chaque fois.Ivresse des profondeursD'un coup, le bout de la corde est là. L'apnéiste récupère la plaquette témoin qui prouve qu'il est bien allé jusqu'en bas, à 100 mètres. Après un coup d'œil vers le haut, il amorce la remontée. Avec l'ivresse des profondeurs, le contrôle sur le rythme des pensées est plus difficile.ConcentrationC'est l'étape la plus délicate de la performance. "Le contraste avec la descente est assez brutal, dit Néry. L'effort à fournir pour remonter à la surface est intense." Mais arrêter de palmer signifierait repartir vers le fond. Il faut donc continuer. L'envie de respirer augmente – ne pas lui accorder trop d'attention, sous peine de paniquer. Pas question non plus de céder à la tentation de lever la tête vers la surface, il faut rester concentré.Retour à la surfaceA 30 mètres, un premier apnéiste de sécurité est là. Il s'assure que Guillaume est en pleine possession de ses moyens. A 20 mètres, il est rejoint par un deuxième. En cas de problème, ils pourront intervenir.Enfin, le corps déchire la surface de l'eau, c'est le retour à la lumière, à l'air. Détendu, souriant, l'apnéiste n'a même pas l'air d'avoir accompli une performance...Extrait de "Ma vie... en apnée", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 12 septembre 2019.